La Diaspora Africaine, acteur important du développement de l’Afrique

La Conférence régionale pour l’Afrique de l’Ouest, préparatoire du 9ème Congrès Panafricain de Lomé, prévu en octobre 2024, vient de se tenir du 14 au 15 mars 2024, à Bamako, Mali, sous le thème : « Diasporas, Afro-Descendants et Développement ». La conférence de Mali fait suite à celle de Pretoria, en décembre 2023, pour l’Afrique Australe. Au total, six conférences régionales sont prévues avant le Congrès de Lomé. 

Le Congrès Panafricain de Lomé, en octobre 2024, devra promouvoir un renforcement des liens entre les pays africains et leurs diasporas, à travers des politiques d’intégration et des programmes de développement, au travers des investissements, des innovations et des transferts de connaissance.

Au cours de l’ouverture de la conférence de Bamako, le Ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration, Alhamdou AG ILYENE, a invité les participants à reconnaitre « la richesse et la diversité de la diaspora africaine et des communautés afro-descendantes, de valoriser leur savoir, leur savoir-faire, leurs connaissances et leurs expériences ».

Comme l’affirmait le Ministre malien, la forte participation de la Diaspora africaine à l’économie du continent est un témoignage à leur racine et l’expression d’une volonté de voir leur continent prospérer.

A l’issue de la conférence régionale de Bamako, les participants ont formulé les recommandations suivantes :


  1. La création d’un cadre institutionnel à l’échelle de l’Afrique pour la représentation des diasporas africaines et des Afro-descendants, basée sur la cartographie des compétences.

  2. La centralité de la sécurité, condition indispensable au développement durable des pays africains.

  3. Le renforcement des mesures nécessaires à une gouvernance vertueuse, assortie de mesures incitatives à l’investissement des diasporas africaines et des Afro-descendants, telles que les allégements fiscaux, les exonérations de droits de douanes ou l’accès à des
    financements préférentiels.

  4. La réforme du système de gouvernance de l’Afrique pour l’adapter à ses réalités.

  5. La mise en place d’un cadre de coordination et de soutien pour les diasporas africaines et les Afro-descendants en vue d’une meilleure mobilisation de leur potentiel.

  6. La rationalisation des règlementations et des procédures commerciales afin de permettre aux entrepreneurs des diasporas africaines et aux Afro-descendants de créer et d’exploiter plus facilement des entreprises dans leur continent d’origine.

  7. La promotion de transfert de connaissances et de technologies entre les membres des diasporas africaines et des Afro-descendants, et les institutions locales par le biais de partenariats de recherche de programme d’échange de technologies.

  8. La création de fonds ou de mécanismes financiers qui facilitent l’accès au financement pour les entrepreneurs des diasporas africaines et des Afro-descendants et réduisent les obstacles et les risques associés à la création ou à l’expansion d’entreprises.

  9. La création de plateformes numériques qui relient les membres des diasporas africaines et les Afro-descendants, les entreprises locales et les agences gouvernementales.

  10. La conception et l’exécution des programmes de renforcement de capacités à l’attention des diasporas africaines et des Afro-descendants.

  11. La favorisation d’un dialogue ouvert et permanent entre les gouvernements africains, les diasporas africaines et les Afro-descendants.

  12. Le lancement de campagnes de sensibilisation pour promouvoir l’engagement des diasporas africaines et des Afro-descendants à contribuer au développement économique et social du continent.

  13. Le plaidoyer et le dialogue politique afin d’influencer les processus de prise de décision en faveur des politiques soutenant l’engagement des diasporas africaines et des Afro-descendants et leur contribution précieuse au bénéfice des populations du continent.

  14. La promotion d’un développement inclusif qui reconnaît et valorise la diversité des diasporas et des Afro-descendants.

  15. La création d’une Agence panafricaine de développement de la diaspora.

  16. La valorisation d’une éducation décolonisée, décomplexée et enracinée dans les savoirs endogènes ainsi que l’appropriation par les intellectuels africains de l’histoire de l’Afrique, pour déconstruire les narratifs importés et non adaptés aux réalités africaines.

  17. L’établissement d’un réseautage pour un partenariat solide entre les Africains établis sur le continent et ceux issus de la diaspora et les Afro-descendants ainsi que l’orientation des investissements dans les secteurs clés dont l’agro-industrie, le tourisme et les infrastructures.

  18. L’accompagnement des investisseurs de la diaspora avec des conseils adaptés à chaque écosystème économique en tenant compte de leurs centres d’intérêt.

  19. Exploiter l’art et la culture, basés sur le riche patrimoine culturel de l’Afrique, comme socles pour reconnecter les diasporas et les Afro-descendants avec l’Afrique.

  20. La valorisation de pratiques endogènes à l’Afrique, empreintes d’humanisme, à l’instar de la philosophie Ubuntu et la philosophie Maya.

  21. Le respect de la propriété intellectuelle des industries créatives africaines.

  22. Le développement des systèmes de transfert d’argent et la mobilisation de l’épargne populaire.

  23. La participation des Etats membres de l’Afrique de l’Ouest au plus haut niveau au 9ème Congrès panafricain, prévu à Lomé, du 29 octobre au 02 novembre 2024.

  24. L’endossement des conclusions du 9ème Congrès par l’Union africaine.

 

La Diaspora africaine attachée à ses racines

Selon les données de la Banque Africaine de Développement (BAD), les fonds transférés par la diaspora africaine vers l’Afrique, sont passés de 37 milliards de $US en 2010 à 87 milliards de $US en 2019, pour atteindre 95,6 milliards de $US, en 2024. D’après la même source, l’aide publique au développement en 2021 s’est élevée à 37 milliards USD, soit environ 36% des montants des transferts de la diaspora. Par conséquent, il apparait que la Diaspora africaine est le plus grand bailleur de fonds pour le développement du continent.

Le rapport de la BAD, intitulé « Diaspora Engagement, Climate-Induced Migration and Skills Mobility » (Engagement de la Diaspora, Migration Climatique et Mobilité des Compétences : focus sur l’Afrique), examine l’impact des migrations sur le développement humain et la réduction de la pauvreté. Il offre des pistes pour exploiter le potentiel de la diaspora africaine, renforcer la résilience climatique et exploiter la mobilité des compétences pour améliorer la trajectoire de développement de l’Afrique.

Les principales conclusions du rapport montrent que :

  • L’engagement de la diaspora est essentiel pour atténuer l’impact de la « fuite des cerveaux » et faciliter le flux de compétences et de connaissances de différentes parties du monde vers le continent africain, et vice versa.

  • Les communautés de la diaspora africaine jouent un rôle essentiel dans la résolution des problèmes liés au climat, qu’il s’agisse de problèmes soudains, d’adaptation ou de réduction des risques de catastrophe, lorsque leur expertise technique est mise à profit et que la mobilité des compétences est facilitée.

  • Les partenariats et la collaboration demeurent essentiels pour intégrer l’engagement de la diaspora dans les réponses politiques et programmatiques au changement climatique et à la mobilité des compétences aux niveaux national, régional et continental.

Il faut tirer parti des transferts de la Diaspora pour mobiliser les investissements privés

Comme l’affirme Dilip Ratha, économiste à la Banque Mondiale, « Les envois de fonds des travailleurs migrants sont l’une des rares sources de financement extérieur privé qui devraient continuer de croître dans la prochaine décennie. Il faut en tirer parti pour mobiliser des capitaux privés à l’appui du financement du développement, en particulier grâce à l’émission d’“obligations diaspora”. Ces dernières années, les remises migratoires vers les pays en développement ont excédé le montant cumulé des investissements directs étrangers et de l’aide publique au développement, et l’écart ne cesse de se creuser ». 

On pourrait, en effet, mobiliser la manne de la diaspora pour financer les besoins de développement d’un pays, mais aussi améliorer sa situation sur le front de la dette. Il est, notamment, possible de structurer le lancement d’une obligation de manière à exploiter directement l’épargne de la diaspora détenue à l’étranger. De nombreux pays s’emploient aussi à attirer cette épargne dans des comptes de dépôt pour les non-résidents. Toutefois, contrairement aux obligations, il s’agit d’une épargne de court terme et volatile. Les remises migratoires pourraient aussi servir de garantie pour réduire le coût des emprunts internationaux des pays en développement. En raison de leur poids par rapport à d’autres sources de devises, de leur caractère contracyclique et de leur contribution indirecte aux finances publiques, les envois de fonds des migrants peuvent également contribuer à améliorer la notation souveraine d’un pays et sa capacité à rembourser sa dette.

Pour certains pays africains, comme la Gambie, Lesotho et Comores, les contributions de leurs Diasporas dépassent les 20% du PIB (Graphique A.22).

Conclusion

Comme rappelé, à maintes occasions, la Diaspora africaine représente un partenaire important pour le continent. Les transferts de la Diaspora dépassent aussi bien les montants de l‘aide publique et des investissements directs étrangers. Les responsables du continent africain devraient tout faire pour mobiliser cette ressource, particulièrement, en vue de favoriser la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable, à l’horizon 2030, et au-delà.  

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